lundi 9 juin 2008

Les satanistes qui sont-ils?

Lyon Capitale, 9 juin 2008 par Pierre Gandonnière

[Texte intégral publié sur Prevensectes]

La MIVILUDES * estime à 25 000 le nombre de personnes en contact avec cette mouvance.

Chiffre aussitôt contesté par le sociologue Olivier Bobineau, auteur « La France au péril des sectes ». Pour lui, il n'y a pas plus d'une dizaine de membres appartenant à des organisations satanistes . Et une centaine seulement de pratiquants réguliers non affiliés sur tout le territoire.

Comment savoir, puisque par définition ce sont des pratiques occultes, cachées ? L'organisation la plus connue est la Church of Satan, créée par Anton Szandor LaVey pendant la nuit de Walpurgis de 1966. Elle a essaimé un peu partout des « grottos », des groupes reconnus comme affiliés.

Elle a même engendré une dissidence The Temple of Seth. La plus dure, sans doute l'Ordre du Dragon Rouge, domicilié en Suède, qui fonctionne comme une véritable loge noire, avec 11 niveaux d'initiation et des ramifications en Italie, en Pologne, au Royaume Uni. La plus française, l'Ordre de Guillaume, mais on ne trouve plus sa trace sur internet.

La plus dangereuse est peut-être le Réseau Charlemagne classé à la fois sataniste et néo-nazi.


* Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires

Le satanisme moderne est apparu avec Aleister Crowley (1875-1947).
Pour lui, c'est l'intention qui fait l'acte magique, ensuite tout n'est qu'une question d' «habileté pratique à mettre en oeuvre les forces nécessaires». Mais c'est surtout Anton Szandor LaVey qui va le populariser. Adepte d'Aleister Crowley, cet ancien dompteur naviguera entre magie de spectacle et sciences occultes. Il croise la route de Ron Hubbard, le fondateur de l'Eglise de Scientologie. Il deviendra un véritable gourou satanique dans les milieux du show biz. Outre la fondation de la Church of Satan, on lui doit l'ouvrage de référence La Bible Satanique, parue en 1969. Il décrit le satanisme comme une religion païenne qui n'invoque pas le diable mais mobilise les forces et les énergies animales qui sont en l'homme. Pour lui, il n'y a pas de paradis ni d'enfer ailleurs. Tout se passe ici et maintenant. Selon cette « bible », tous les désirs peuvent et doivent être satisfaits. Il prétend poser des limites mais faut-il le croire : pas de maltraitance des enfants ni des animaux ? Pour les adultes, c'est à voir. Car le principe est : traitez les autres comme ils vous traitent, oeil pour oeil, dent pour dent « soyez la terreur de votre adversaire ». Dans ce monde, il n'y a pas d'égalité entre les hommes, certains sont destinés à dominer les autres. « Bénis soient les forts, car ils règneront sur la terre, maudits soient les faibles car ils n'auront que le joug ! »

Le satanisme renverse les signes


Il est symbolisé par le pentagramme inversé : Baphomet. Une étoile à cinq branches dont la pointe plonge vers le bas, vers les forces matérielles et animales, plutôt que ver le haut, vers l'aspiration spirituelle. Il présente une tête de bouc orné de deux cornes : la dualité, celle du « diable » (diabolum), celui qui sépare. Satan est l'accusateur, le calomniateur, le rebelle, celui qui s'oppose.

Les satanistes célèbrent cinq fêtes. La première est leur anniversaire, la plus importante puisqu'ils sont à eux-mêmes leur propre dieu. Ensuite viennent Walpurgis et Halloween (les équinoxes), puis les solstices. Ils pratiquent trois types de rituels : la luxure (autour du désir sexuel), la compassion (destinée à renforcer les pouvoirs), la destruction (contre un ennemi ou un adversaire). On trouve facilement des textes de premier niveau, ceux qui sont destinés à être rendus publics et qui présentent une version à l'évidence édulcorée des principes. Mais le deuxième niveau est réservé aux initiés.


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