jeudi 13 novembre 2008

«Camino» : l’Opus Dei crucifié

Tumeur. L’Espagnol Javier Fesser fait scandale en s’en prenant à l’organisation catholique.

Quotidien Libération culture, 12 novembre 2008

De leur correspondant à Madrid François Musseau

«Jamais le thème de l’Opus Dei n’avait été traité au cinéma de façon aussi nette et aussi réelle.»

Cet éloge de la critique Maria Martinez Diaz explique pourquoi les responsables de la Obra (nom donné à cette puissante organisation catholique née en Espagne en 1928) s’arrachent les cheveux. «Ce film est une frivolité», «il déforme la réalité», enragent-ils. Le film en question, Camino, sorti en salles à la mi-octobre en Espagne, emporte pourtant les faveurs de la critique - même s’il n’a rien gagné au festival de Saint-Sébastien - et du public, caracolant en tête du box-office parmi les productions nationales.


Calvaire. Le sujet même du long métrage garantissait la polémique : Camino est une adorable fillette qui, tout en découvrant l’amour pour un garçon, apprend qu’elle est atteinte d’une tumeur cancéreuse logée sur une vertèbre. Sa famille, dévouée à l’Opus Dei, l’accompagne dans son calvaire, animée, jusqu’à sa mort, d’une sinistre euphorie : la fillette aurait été appelée par Dieu, et ses parents (surtout sa mère, dépeinte comme une fanatique) y voient un «sublime cadeau divin».


Après avoir adapté à l’écran un hit de la BD espagnol (Mortadelo y Filemón), le cinéaste Javier Fesser, 44 ans, s’est très largement inspiré de l’histoire réelle d’Alexia González-Barros, connue de la plupart des Espagnols. En 1985, au bout d’une agonie de dix mois, cette Madrilène de 14 ans succombe à un cancer. Fille de membres de l’Opus Dei, cadette de sept frères, élevée dans un collège religieux, elle est finalement transférée dans un hôpital de Pampelune géré par la Obra. Face à la douleur et les épreuves au bloc opératoire, l’adolescente aurait montré un courage hors du commun. On veut alors en faire une sainte. Sa béatification est aujourd’hui en cours.


Javier Fesser s’empare de cette figure mythique pour galvaniser la force vitale de Camino et la richesse de son imagination - les scènes à l’hôpital alternent avec des visions fantastiques où un ange la terrorise. Ce faisant, le cinéaste fustige son entourage : une sœur «numéraire» (célibataire de l’Opus) qui l’ignore, une mère se réjouissant qu’elle soit happée par les desseins divins, et des prêtres de l’Opus voulant hâter sa mort pour s’assurer de la «sainteté» de la petite. Le réalisateur assure que le film n’est pas une biographie, et intègre des «éléments d’autres histoires semblables». Mais le film se terminant par une dédicace à Alexia González-Barros, la famille de la défunte estime que Javier Fesser l’a trompée. Et s’indigne d’une des scènes finales où, face au lit d’hôpital, peu après la mort de Camino, prêtres et parents applaudissent en chœur.


Morbide. «Ce qui gêne le plus dans mon travail, c’est qu’il n’y ait pas un seul détail du film qui ne reflète pas la réalité de l’Opus Dei», se défend Fesser. Rien n’y manque en effet : le goût pour la mortification (il faut marcher avec des pierres dans les souliers), le rejet de l’amusement (la pièce de théâtre dans laquelle s’épanouit Camino), le mépris pour l’amour humain (la mère éloigne le garçon dont sa fille est amoureuse), un penchant pour le morbide (les curés de l’Opus autour de la malade), etc.


C’est, au fond, l’objectif du cinéaste : tout en célébrant le monde imaginaire de la jeune condamnée, Javier Fesser dépeint avec minutie le fanatisme d’une secte religieuse. Alors que Camino est sur le point de rendre l’âme, sa sœur lui lance : «Comme je t’envie ! Tu vas rejoindre Dieu !» Et Camino, respirant à peine, du tac au tac : «Tu veux que je prie pour que tu meures aussi ?»



lundi 3 novembre 2008

Le PDG de Skyrock condamné à un an de prison ferme pour corruption de mineure

Actualisé le 1er Juin 2012
Le Réseau Parental Europe ne s'intéresse pas à la vie sexuelle du PDG de Skyrock, qui fait l'objet de poursuites judiciaires depuis plusieurs années.
Son avocat demande que toute publication sur son client soit retirée de nos sites et blogs. Ce que nous avons fait.