Dossier du Bulletin de l’Ordre des Médecins
S’il n’y a, a priori, aucun risque avéré à suivre les conseils d’un médecin qui conseille, à titre préventif, un régime à base de légumes, de fruits et de produits riches en oméga 3, il y en a – et de sérieux ! – à suivre les conseils de gourous qui promettent à leurs adeptes de les guérir de leur leucémie par de la psychologie, ou encore de ne jamais tomber malades s’ils se nourrissent uniquement d’air et de lumière !
Pourtant, estime la Direction Générale de la Santé, 30 à 50 % de la population fait régulièrement appel à ces méthodes. Le Dr Daniel Grunwald, ancien conseiller de l’Ordre des Médecins, analyse ce phénomène qu’il attribue à la « notion de santé » qui a beaucoup évolué ces dernières années et qui renvoie maintenant à « un état de total bien-être physique, social et mental ».
L’émergence de cette nouvelle attitude a donc occasionné nombre de « techniques » censées apporter santé et bien-être. Le GEMPPI explique que leur nombre a « explosé » en 20 ans. Pour sa part, Jean Brissonnet, vice-président de l’AFIS (Association française pour l’information scientifique) a tenté de les différencier. D’un côté, il classe les médecines marginales « d’ordre éthique, illusoire ou tout simplement charlatanesque… », de l’autre, il parle de « pseudo-médecines pratiquées par des médecins ». Dans cette catégorie, il inclut l’homéopathie, l’acupuncture, l’ostéopathie, etc…
Cette position de Jean Brissonnet « ne fait pas l’unanimité, y compris au sein des autorités de tutelle » et il existe actuellement un projet d’évaluation de ces pratiques au Ministère de la Santé. La direction générale de la santé (DGS) en a confié l’évaluation collective à l’INSERM. L’objectif est de classifier les méthodes et de déterminer celles qui sont « condamnables ». Cette « nécessaire clarification » est aussi un souhait de la MIVILUDES. Le Dr Grunwald représentant l’Ordre des Médecins au Conseil d’Orientation de la MIVILUDES reconnaît la difficulté à « faire passer un message clair sur ces questions ». Déjà en 1996, ,il avait rédigé un rapport pour le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) où il soulignait les « nettes similitudes entre médecines parallèles et pratiques sectaires ». Reste que le nombre de médecins inscrits au tableau de l’Ordre concerné par des dérives thérapeutiques à caractère sectaire « demeure sans doute très limité ».
L’Ordre des Médecins travaille depuis 12 ans avec la MIVILUDES et les différentes missions interministérielles qui l’ont précédée (Observatoire interministériel sur les sectes et la MILS, Mission interministérielle de lutte contre les sectes). En 2007, une réunion a rassemblé au siège du CNOM des représentants de la MIVILUDES, de la DGS, de la Direction générale de l’action sociale (DGAS) et les deux associations, l’UNADFI et le CCMM. Plusieurs axes d’action ont été définis : tout d’abord, savoir prévenir les risques face aux patients vulnérables, assurer la prise en charge des sortants de sectes ou encore, savoir quelles conduites adopter en cas de refus de soins ; ensuite, mieux organiser la vigilance. Jean-François Guyonnard, l’un des conseillers nationaux de l’Ordre, en charge du dossier « dérives sectaires », propose que chaque Conseil départemental de l’Ordre des Médecins nomme un « correspondant sectes » qui serait formé par la MIVILUDES. Ce correspondant pourrait aussi être associé aux groupes de travail mis en place dans chaque département sous l’autorité du préfet. Ce Conseil départemental de l’Ordre aurait ainsi une meilleure connaissance du terrain et pourrait engager des actions contre les médecins déviants. Car il existe peu de plaintes. Dans les cas les plus graves, le Conseil départemental saisit la juridiction ordinale et la nature des faits peut entraîner un signalement au procureur de la République (ou via la MIVILUDES). Mais dans le cas d’un enfant en danger, le signalement devient une évidence.
L’Ordre des Médecins face aux médecines non conventionnelles La présidente de la section Santé publique au Conseil national de l’Ordre des Médecins, le Dr Irène Kahn-Bensaude donne le « point de vue » de l’Ordre sur la question des « médecines non conventionnelles ». L’Ordre s’est très tôt intéressé à ce sujet parce que « la santé constitue depuis toujours un champ d’investigation privilégié pour les gourous en tout genre ». Elle rappelle les cas où une théorie « totalement irrationnelle » a abouti à un drame : la mort d’un enfant ou d’un jeune adulte qui, correctement nourri et soigné, aurait dû vivre… Il arrive parfois qu’un médecin dûment inscrit au tableau de l’Ordre soit mis en cause. Reste que l’engouement pour les pratiques médicales dites « alternatives », « orientales », « traditionnelles », « naturelles » a tendance à s’infiltrer dans la pratique quotidienne de médecins séduits par des discours « faussement rassurants »…
(Source : Le Bulletin de l’Ordre des Médecins, avril 2008)
S’il n’y a, a priori, aucun risque avéré à suivre les conseils d’un médecin qui conseille, à titre préventif, un régime à base de légumes, de fruits et de produits riches en oméga 3, il y en a – et de sérieux ! – à suivre les conseils de gourous qui promettent à leurs adeptes de les guérir de leur leucémie par de la psychologie, ou encore de ne jamais tomber malades s’ils se nourrissent uniquement d’air et de lumière !
Pourtant, estime la Direction Générale de la Santé, 30 à 50 % de la population fait régulièrement appel à ces méthodes. Le Dr Daniel Grunwald, ancien conseiller de l’Ordre des Médecins, analyse ce phénomène qu’il attribue à la « notion de santé » qui a beaucoup évolué ces dernières années et qui renvoie maintenant à « un état de total bien-être physique, social et mental ».
L’émergence de cette nouvelle attitude a donc occasionné nombre de « techniques » censées apporter santé et bien-être. Le GEMPPI explique que leur nombre a « explosé » en 20 ans. Pour sa part, Jean Brissonnet, vice-président de l’AFIS (Association française pour l’information scientifique) a tenté de les différencier. D’un côté, il classe les médecines marginales « d’ordre éthique, illusoire ou tout simplement charlatanesque… », de l’autre, il parle de « pseudo-médecines pratiquées par des médecins ». Dans cette catégorie, il inclut l’homéopathie, l’acupuncture, l’ostéopathie, etc…
Cette position de Jean Brissonnet « ne fait pas l’unanimité, y compris au sein des autorités de tutelle » et il existe actuellement un projet d’évaluation de ces pratiques au Ministère de la Santé. La direction générale de la santé (DGS) en a confié l’évaluation collective à l’INSERM. L’objectif est de classifier les méthodes et de déterminer celles qui sont « condamnables ». Cette « nécessaire clarification » est aussi un souhait de la MIVILUDES. Le Dr Grunwald représentant l’Ordre des Médecins au Conseil d’Orientation de la MIVILUDES reconnaît la difficulté à « faire passer un message clair sur ces questions ». Déjà en 1996, ,il avait rédigé un rapport pour le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) où il soulignait les « nettes similitudes entre médecines parallèles et pratiques sectaires ». Reste que le nombre de médecins inscrits au tableau de l’Ordre concerné par des dérives thérapeutiques à caractère sectaire « demeure sans doute très limité ».
L’Ordre des Médecins travaille depuis 12 ans avec la MIVILUDES et les différentes missions interministérielles qui l’ont précédée (Observatoire interministériel sur les sectes et la MILS, Mission interministérielle de lutte contre les sectes). En 2007, une réunion a rassemblé au siège du CNOM des représentants de la MIVILUDES, de la DGS, de la Direction générale de l’action sociale (DGAS) et les deux associations, l’UNADFI et le CCMM. Plusieurs axes d’action ont été définis : tout d’abord, savoir prévenir les risques face aux patients vulnérables, assurer la prise en charge des sortants de sectes ou encore, savoir quelles conduites adopter en cas de refus de soins ; ensuite, mieux organiser la vigilance. Jean-François Guyonnard, l’un des conseillers nationaux de l’Ordre, en charge du dossier « dérives sectaires », propose que chaque Conseil départemental de l’Ordre des Médecins nomme un « correspondant sectes » qui serait formé par la MIVILUDES. Ce correspondant pourrait aussi être associé aux groupes de travail mis en place dans chaque département sous l’autorité du préfet. Ce Conseil départemental de l’Ordre aurait ainsi une meilleure connaissance du terrain et pourrait engager des actions contre les médecins déviants. Car il existe peu de plaintes. Dans les cas les plus graves, le Conseil départemental saisit la juridiction ordinale et la nature des faits peut entraîner un signalement au procureur de la République (ou via la MIVILUDES). Mais dans le cas d’un enfant en danger, le signalement devient une évidence.
L’Ordre des Médecins face aux médecines non conventionnelles La présidente de la section Santé publique au Conseil national de l’Ordre des Médecins, le Dr Irène Kahn-Bensaude donne le « point de vue » de l’Ordre sur la question des « médecines non conventionnelles ». L’Ordre s’est très tôt intéressé à ce sujet parce que « la santé constitue depuis toujours un champ d’investigation privilégié pour les gourous en tout genre ». Elle rappelle les cas où une théorie « totalement irrationnelle » a abouti à un drame : la mort d’un enfant ou d’un jeune adulte qui, correctement nourri et soigné, aurait dû vivre… Il arrive parfois qu’un médecin dûment inscrit au tableau de l’Ordre soit mis en cause. Reste que l’engouement pour les pratiques médicales dites « alternatives », « orientales », « traditionnelles », « naturelles » a tendance à s’infiltrer dans la pratique quotidienne de médecins séduits par des discours « faussement rassurants »…
(Source : Le Bulletin de l’Ordre des Médecins, avril 2008)
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