samedi 21 avril 2012

La Justice ne veut pas libérer le gourou violeur

Gabriel Loison reste en prison, sur décision de la cour d'appel. Jeudi, il a répété qu'il avait « fait du bien » à sa victime, une Nazairienne violée en 2010 à l'âge de 13 ans.
Collier de barbe blanche et voix bien assurée, Gabriel Loison porte beau ses 72 ans. Jeudi, devant la chambre de l'instruction de Rennes, il a répété : « Je ne suis pas un gourou ». Pourtant, Les Jardins de la vie, qu'il avait créés il y a longtemps, ont été classés comme secte, en 1995. Avant d'être dissous.
Depuis, celui qui se définit comme « un humaniste sans complaisance » a fondé « l'Université de la nature, de l'écologie et de la relation », mouvement qui aurait des adeptes en Bretagne et en Pays-de-la-Loire. « Il s'agit d'une organisation sectaire, qui vit au crochet de gens fragiles et manipulés, et qui en profite pour commettre des abus sexuels », a dénoncé l'avocate générale, Fabienne Fiasella.
Sexe et argent ? Gabriel Loison et sa compagne proposaient en effet des stages en Espagne, au Maroc ou au Costa Rica. Facturés 3 000 €, tout de même. C'est à un de ces stages qu'un couple de Nazairiens avait emmené sa fille. Cette mère et ce père, qui ont pourtant suivi des études supérieures, « ont été aveuglés par M. Loison, au point de mettre en danger leur fille », accuse l'avocate générale.
Ni regret, ni émotion
En septembre 2010, l'adolescente âgée de 13 ans était revenue, seule, à un stage de trois semaines. Pendant lequel elle a été agressée et violée par Loison et sa compagne de 36 ans. « C'était un stage d'initiation à la sexualité, car le sexe aide à grandir », avait déclaré Gabriel Loison après son arrestation, le 24 mars 2011 à Madrid.
Le gourou est aujourd'hui mis en examen pour « viols, agressions sexuelles, abus de faiblesse, corruption de mineurs, escroquerie et proxénétisme ». Sa compagne a été provisoirement libérée par le juge d'instruction nantais, voici quelques semaines. Mais hier, la chambre de l'instruction de Rennes a rejeté la demande de liberté de Gabriel Loison. D'autant qu'il a, en audience publique, persisté : « Avant le stage, l'adolescente ne s'aimait pas, elle ne se sentait pas femme. On lui a fait du bien. » Ni regret, ni émotion.
Ce n'est pas du tout ce que disent les experts, qui parlent d'une adolescente « à l'abandon, qui a perdu confiance envers les adultes ». D'autres experts dépeignent Gabriel Loison comme « un pervers manipulateur et exhibitionniste ». Le procès du couple devrait avoir lieu devant les assises de Loire-Atlantique.
Michel TANNEAU.